« Madrid a un rôle clef à jouer dans notre développement international »

La Paris Space Week s’est achevée semaine dernière. Pour conclure notre série autour de la participation d’Invest in Madrid a cet évènement, nous avons eu la chance d’interviewer José Antonio Álvarez de Arcaya, directeur de la Stratégie et des Relations Institutionnelles – Thales Alenia Space, en Espagne. De quoi en apprendre un peu plus sur les atouts de l’écosystème madrilène pour les entrepreneurs du spatial et de La Défense.

Pourquoi Thales Alenia Space a choisi Madrid, en Espagne, pour établir plusieurs de ses activités clés ?

La décision de Thales Alenia Space (ex-Alcatel Space) de s’implanter à Madrid remonte à la fin des années 80. Avec, l’ouverture de cette filiale en Espagne, l’objectif était de profiter de l’essor du secteur spatial dans le pays, notamment grâce à la participation à des programmes de l’Agence Spatiale Européenne (ESA). Cette dynamique a été renforcée un an plus tard avecla création de l’opérateur de satellites espagnol Hispasat. Madrid regroupait déjà une grande partie du secteur spatial espagnol et s’imposait dès lors d’une localisation idéale pour l’implantation de notre entreprise.

Quelles sont les principales activités de Thales Alenia Space à Madrid ? Pouvez-vous nous en dire plus sur ce centre ?

En 36 ans d’activité à Madrid, nous avons contribué à plus de 660 satellites pour diverses missions spatiales : télécommunications, navigation, observation de la Terre, exploration du système solaire et de l’univers, véhicules de transport spatial, lanceurs… Nous participons actuellement à de nombreux programmes pour les agences spatiales du monde entier, notamment le programme Copernicus de la Commission européenne pour la surveillance de l’environnement, ainsi que le développement de la deuxième génération de Galileo, le système européen de navigation par satellite. À Madrid, nous sommes spécialisés dans les systèmes de communication par satellite et les systèmes d’observation de la Terre. Nous disposons des capacités nécessaires pour couvrir l’ensemble de la chaîne de valeur, depuis la conception et la production d’unités électroniques, de radiofréquence et de traitement des données, jusqu’à l’intégration de charges utiles et de satellites entiers dans notre salle d’intégration située à Tres Cantos.

Dans quelle mesure être implanté dans la région de Madrid contribue-t-il au développement international de Thales dans les domaines spatial et de défense ?

Thales Alenia Space a une vocation internationale et compte 16 implantations dans huit pays européens, dont notre site de Tres Cantos. Depuis Madrid, nous avons une projection internationale affirmée : la majorité de nos projets sont destinés à des clients à l’étranger, allant des États-Unis à la Corée du Sud et au Japon. L’un des atouts majeurs de Madrid est que la région concentre une part significative du secteur spatial espagnol. Cette concentration facilite la collaboration avec d’autres entreprises et institutions du domaine spatial. En outre, Madrid dispose d’infrastructures optimales pour soutenir des activités à forte composante internationale. Le territoire bénéficie également d’un vaste réseau d’entreprises sous-traitantes impliquées dans de nombreux projets.

Pouvez-vous nous parler des collaborations avec les acteurs locaux (entreprises, startups, universités, centres de recherche, etc.) ? Auriez-vous des exemples à nous donner ?

Chez Thales Alenia Space, nous collaborons régulièrement avec d’autres entreprises du secteur, tant dans le cadre de programmes nationaux (comme la fabrication des satellites SpainSat NG de Hisdesat) que dans ceux de l’ESA. Nous avons un lien fort avec les deux opérateurs de satellites espagnols, Hispasat et Hisdesat, tous deux basés à Madrid, avec lesquels nous menons de nombreux projets, notamment le développement du premier système de transmission de clé quantique depuis l’orbite géostationnaire (QKD-GEO), un projet que nous dirigeons en partenariat avec Hispasat. Nous collaborons également avec plusieurs centres de recherche, comme le CAB-INTA, ainsi qu’avec les universités madrilènes, qui constituent un vivier de talents pour notre entreprise.

Quels sont les projets de développement de Thales Alenia Space à Madrid ? Combien d’emplois prévoyez-vous de créer à court et moyen terme, et quels types de profils recherchez-vous ?

Parmi nos projets majeurs en cours, déjà évoqués précédemment, figurent Copernicus, la deuxième génération de Galileo, SpainSat NG et QKD-GEO. En outre, nous travaillons sur neuf missions lunaires pour l’ESA, la NASA, la Corée du Sud et la Turquie, et nous participons à la mission NEO-Surveyor de la NASA, qui vise à détecter et caractériser les astéroïdes potentiellement dangereux pour la Terre. Le site de Tres Cantos compte actuellement plus de 450 collaborateurs mais nous sommes à la recherche constante de nouveaux talents, en particulier dans les domaines technologiques et scientifiques.

Quelle est votre vision de l’avenir du secteur spatial et de la défense, et quel rôle joueront Thales Alenia Space et Madrid dans ce futur ?

Le secteur spatial est en pleine expansion et transformation. L’Europe doit continuer à soutenir un secteur stratégique à la fois pour l’économie et la sécurité, afin de maintenir sa compétitivité et son autonomie face aux autres puissances mondiales. Dans ce contexte, Madrid et l’Espagne ont un rôle clé à jouer, et Thales Alenia Space entend renforcer son rôle d’acteur majeur du paysage spatial européen et mondial. Nous nous positionnons comme une entreprise moteur qui favorise la collaboration avec un réseau de fournisseurs locaux.

Y a-t-il un événement ou une réussite emblématique qui symbolise le développement de Thales Alenia Space à Madrid ?

La semaine dernière, le satellite SpainSat NG I a été lancé depuis Cap Canaveral, en Floride. Cet événement représente un jalon emblématique pour Thales Alenia Space en Espagne, car c’est le premier satellite de télécommunications géostationnaire dont le module de communication a été entièrement intégré en Espagne, dans notre salle d’intégration de Tres Cantos. Ce module, le plus grand jamais assemblé dans notre pays, mesure six mètres de hauteur et pèse deux tonnes. Il est équipé des technologies les plus avancées en matière de communication spatiale et comprend des centaines d’unités électroniques de pointe.

Un dernier mot sur votre collaboration avec la région et, en particulier, avec Invest in Madrid ?

Nous entretenons des relations étroites avec la Communauté de Madrid et avec Invest in Madrid, et avons collaboré avec eux à plusieurs reprises. Comme mentionné précédemment, les instruments de financement destinés aux infrastructures et équipements représentent une aide précieuse. Je suis convaincu que pour l’industrie spatiale, il est essentiel que les pouvoirs publics soutiennent le secteur en lançant des programmes nationaux et en favorisant la participation à des initiatives internationales.